mardi 28 janvier 2014

LA MISERE



Cachée, sous ses haillons de tristesse,
La pauvreté, en lambeaux de douleurs,
Couvre, derrière un sanglot de détresse,
Une misère, empiffrée de malheurs.

Solitaire, elle foule le pavé de la rue 
Se couche la nuit, sur les trottoirs,
Affublée en guenilles et vieux tissus,
Elle rampe, affamée de désespoir.

Lugubre, sous son voile infortuné,
Elle gifle les âmes, les plus fébriles,
Se vautre, impartiale dans la pitié
Écrasant le rêve, devenu immobile.

Nourrie d'angoisse, sa lourde peine,
S'essouffle, d'une muette colère,
Et le chagrin de mauvaise haleine,
Va cracher miséreux, son glaviot amer.

Au visage, une larme qu'elle essuie.
Meurs son regard, difficile de sourire.
Quand les bienfaits, jetés dans l'oubli,
Ne laisse que l'espoir pour mourir.


                                        M  PIERRON




mercredi 22 janvier 2014

EFFIGIE





Elle se lève oubliée, dans un parc desert,
Le piédestal plongé, dans l'eau d'un bassin,
Qui depuis des temps, le corps découvert,
Mire dans l'onde, le reflet de son féminin.

Toujours debout, le tronc inerte et froid,
Une jambe affranchie, l'autre dévêtue
Offre chaude beauté, sublimant à la fois,
La douceur antique de sa cuisse nue.

Le regard profond, autant de charme figé,
Dans un visage, deux lèvres en alignements,
Sur une bouche, que le silence à sculpté,
Ne laissant nulles paroles et balbutiements.

Une vie immobile, dans les ourlets du temps.
Ivre solitude, entre les joncs parmi les fleurs,
Seul un feuillage, si peu bercé par le vent,
Ose geindre, quelques éclats d'humeurs.

Elle est belle, reine de pierre immortelle.
Séculaire, mais sans changer d'expression,
Sous le ciel, elle se dresse l'inflexible éternelle,
Même, sans jamais bouger dans sa position.




                                                      M PIERRON

                             


                   



                      

        




mardi 14 janvier 2014

GRAIN DE BEAUTE

 




Je me présente, comme un petit point.
Je ne suis peut-être pas le plus beau,
Souvent discret, caché dans un recoin,
Je suis minuscule, grain sur la peau.

Audacieux, je vis sous la dentelle, 
Dans les endroits, les plus intimes,
Sur une cuisse, sous une aisselle,
Toujours au chaud, je le confirme.

En fine touche, là où l'on me désire.
Sur un visage, au bord d'une bouche.
Grain de charme, en point de mire.
Où dans un air, de sainte-nitouche.

Sur un nu, mon aspect se dessine,
Je me régale, sur une douce fesse,
Sur le galbe, d'une jolie poitrine,
Je plais, on me nourrit de caresses.

Je suis quelques fois, difficile à voir.
Unique sous des poils, me dissimuler,
Une vie entière, étouffée dans le noir.
On me devine, petit grain au toucher.

 En fine touche là, où l'on me désire.
Sur un visage, au bord d'une bouche.
Grain de charme, en point de mire,
Ou dans un air, de sainte-nitouche.

Grain de peau, sur le bord de la joue,
Je me satine, en l'élégance féminine.
Sur le basané doré, d'un profil doux,
Bistré, j'excelle une coquette mine.

Ainsi, sensible, suis point de décor,
Sollicité, par la moisson des regards.
Qu'on me lorgne, encore, puis encore,
Suis le grain, que vous trouvez bizarre.

En fine touche là, où l'on me désire.
Sur un visage, au bord d'une bouche.
Grain de charme, en point de mire,
Où dans un air de sainte-nitouche.


                                        M PIERRON




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mercredi 8 janvier 2014

RUE DE LA TOUR

                                                



Ils ont des années ces mûrs de pierres
Sous leur toit de tuiles rouges ou grises
Ils se posent alignés, tel sur la terre  
De front inégale, les maisons se rivalisent 
Leurs ombres furtives couvrent le parterre
Au silence de ces intervalles qui les divisent.

Certaines l’œil fuyant et l'ossature avachie
Outragées par le supplice des saisons.
Souffrent meurtries, le visage usé de vie
Et leur face désolée, infinie d'abandon, 
Laissent, sous un vieux lierre qui les envahit,
Apparaître, quelques morceaux de leur pignon.

Le dédale de la rue et son petit trottoir
Convaincs le temps autrefois consommé,
Que son pavé passé, lézardé d'histoire,
Se débordait; sans cesse d'être piétiné
De pas pauvres, où de pieds notoires,
Au talon nourri, accusant le caillou de gré.

Comme une rue, promenant ses passants,
Sur son dallé, allant le long des murailles,
La galoche écorchée, le sabot claquant,
Poussaient jadis, l'écho dans les entrailles
Silencieuses de la rue où chaque instant, 
Infligeait, une finalité de chocs sur la rocaille.

La pierre est déserte, les usagers ne sont plus.
Je marche dans l'abandon du faubourg,
Les pas confondus, et leurs bruits se sont tus
Sur le pavé d'antan, harcelé tous les jours,
Ci-gît, sous mon pied, une fébrilité disparue,
Qui fut autrefois, noble dans la rue de la tour.


                                               M PIERRON

                                 

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